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Il fait froid ce matin ! Très froid… Mon sac de couchage n’aura pas suffit à me protéger ! Réveillé à 5h, le visage endolori par le gel, je tente tant bien que mal de me recroqueviller pour me réchauffer. J’enfouis mon nez dans ma capuche. Mon souffle parvient à peine à me faire oublier ces -4 degrés ! Première nuit sur le Chemin. On est loin de mes bivouacs d’entrainements…
6h30. Je m’extirpe de mon sac, j’enfile en vitesse les quelques couches de vêtements sensées me protéger. Tout est glacé… Même ma tente est givrée ! Pas envie de traîner, pas envie de déjeuner, ni même de prendre le temps de préparer un café à l’aide de mon mini-réchaud et de mon mug en alu ! Mais je prends quand même la peine de tout replier et ranger. Bouger me réchauffera, forcément. Et de l’ordre de mon sac dépendra mon confort et ma facilité pour les quelques mois à venir! Autant m’y tenir…
Départ dans la brume matinale, je sillonne des champs blanchis. Le soleil peine à percer… Je mange en vitesse quelques barres de céréales, et j’avance. Saint Severin n’est qu’à quelques encablures. J’y serai vite. J’y ferai halte. Le temps de discuter un peu avec le prêtre qui m’accueille pour tamponner ma crédentiale. Et de visiter cette merveille de l’architecture romane. Halte historique sur la Via Mosana, l’église abrite en outre une petite chapelle consacrée à Saint Jacques.
Le ciel s’est éclairci, le soleil me targue maintenant de ses rayons. Quoi de plus normal, c’était écrit… Je me pose quelques instants sur un banc, je dîne et profite de la douceur pour m’assoupir. Une sieste s’avère nécessaire après une nuit au congélateur!
Huy est en vue, j’y accède par la plaine de Sarte. Encore quelques instants de répit, avant de passer devant le Mont Mosan et de plonger dans le tumulte de la ville. J’en profiterai pour me ravitailler. En sortant du supermarché, regard interrogateur d’un sdf, suivi de ses questions. On discutera longuement sur ma provenance et ma destination, sur sa vie, ses doutes. Je lui offrirai ma tablette de chocolat. Ses yeux se mirent à briller…
Je suis invité ce soir… Gianni m’ayant proposé l’hospitalité, c’est avec impatience que je l’attends assis sur la perron d’une maison. On s’entend comme larrons en foire. C’est gage d’une soirée réussie. Et ce fut un accueil à la hauteur du personnage, chaleureux et conviviale. Entouré de sa famille et de ses amis, de l’apéro jusqu’au pousse-café, en passant par un délicieux macaroni-jambon, tout fut ravissement. Et c’est du sommeil du juste que ce soir, je m’assoupirai bien au chaud!
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© Luc BALTHASART, 16/10/2015
Encore une belle étape.
Et je peux grâce à toi traverser la Belgique que j’aime tant. Le froid ce n’est pas facile tout les jours.
Tu as eu un sacré courage. J’attends la suite avec impatience.
Bonjour Claudine,
Tu me vois ravi de te permettre de voyager à travers mes petits films.
Effectivement, le froid n’était pas facile à gérer. Pas tant en journée, car sauf en cas de gel intense ou de vent piquant, on a jamais froid en marchant. J’étais toujours vêtu uniquement d’un bermuda, et d’un t-shirt + pull + coupe-vent. par contre, durant les nuits en bivouac, malgré un sac de couchage en duvet prétendu m’apporter chaleur et confort jusqu’à -5°c, c’était moins évident à gérer, surtout sur le coup de 5h du matin, quand la rosée et l’humidité tombaient.
Par contre, je me suis toujours défendu de ceux qu disaient que j’avais du courage. Il ne s’agit pas de courage, mais de volonté et de persévérance: se lever tous les matins, avec l’envie de continuer, quelques soient les douleurs, les doutes ou la météo. Du courage, il m’en aurait fallu si j’avais traversé des contrées hostiles, si j’avais du mettre ma vie en péril. Ici, j’avais tous les jours des gens prêts à m’accueillir, des villages, des villes, des commerces, etc. et je n’ai jamais manqué de rien.
A bientôt,
Luc